• L'homme qui vendit la tour Eiffel !!!

    L'homme qui vendit la tour Eiffel !!!                 L'homme qui vendit la tour Eiffel !!!  

     

    Dans les années 1920, après la Première Guerre mondiale, Paris est en plein boom économique. Ce sont les Années folles : les cabarets fleurissent dans la capitale et le jazz fait glorieusement ses premiers pas dans les cabarets avec les revues nègres et dans les caveaux du quartier latin et de Saint-Germain-des-Prés.

    C'est ici, dans cette atmosphère, que Lustig vient dépenser l'argent qu'il a frauduleusement gagné outre-Atlantique. Mais la grande ville est encore plus dispendieuse qu'il ne l'avait imaginé et c'est ainsi qu'il se retrouve sans un sou en poche.

    C'est donc dans sa luxueuse chambre de l'hôtel de Crillonplace de la Concorde, qu'il lit un journal français pour « trouver l'inspiration ». Au fil des pages il tombe sur un article exposant les difficultés de l'État à entretenir la tour Eiffel, construite à l'origine pour l'Exposition universelle de Paris de 1889. Il était au départ prévu qu'elle soit démontée en 1909 et ce n'est que son utilité dans le domaine militaire qui l'a sauvée. Elle n'était donc pas prévue pour subsister si longtemps et elle avait un besoin urgent d'être rénovée. Le journaliste finit son article par cette petite ouverture humoristique : « Devra-t-on vendre la tour Eiffel ? ». Sans le savoir, il venait de publier le point de départ d'une escroquerie.

    Lustig se camoufla en fonctionnaire du gouvernement et fit fabriquer de fausses mises au concours pour la vente de la tour Eiffel. Il envoya aux cinq plus grandes entreprises de récupération de ferraille des invitations pour des négociations de vente. C'est dans l'hôtel de Crillon qu'une rencontre confidentielle devait avoir lieu. Un pareil hôtel était un camouflage parfait puisque c'était un point de rencontre prisé des diplomates et des hommes politiques1.

    À la date prévue, les cinq ferrailleurs étaient présents. Victor Lustig se présenta comme directeur général, représentant du ministère des PTT. Il expliqua aux intéressés qu'ils avaient été retenus parce qu'on connaissait leur probité en tant qu'hommes d'affaires. Ensuite, il expliqua, dans cette ambiance feutrée et secrète, que la tour Eiffel devait être démolie et vendue en tant que « ferraille ». Son aisance l'aida beaucoup à rendre la situation crédible. Il emmena ensuite les ferrailleurs à la tour pour sonder leur comportement et leur intérêt. Ce fut une étape très importante : c'était là que tout se jouait. Il alla directement au guichet avec une carte de ministre hâtivement falsifiée, qui, par un coup de chance inouï, passa sans problème. Il termina en expliquant qu'il attendrait des propositions jusqu'au lendemain.

    L'homme qui vendit la tour Eiffel !!!      L'homme qui vendit la tour Eiffel !!!

    Lustig avait déjà choisi sa cible à l'hôtel de Crillon : André Poisson, un homme peu sûr de lui qui espérait se faire une place dans le monde des affaires parisien grâce à cet achat. Sa femme était méfiante quant à cette transaction, elle mit ainsi Poisson dans le doute. Pour le persuader, Lustig s'arrangea pour le rencontrer une nouvelle fois. Là, il changea de ton, se mit à faire des confidences et raconta à Poisson qu'il était mal payé et aurait aimé « arrondir » son revenu. Poisson était au courant de la corruption des fonctionnaires de l'État, si bien qu'il comprit immédiatement que Lustig exigeait un dessous de table. Il n'en fallut pas plus pour le convaincre de l'authenticité de la vente.

    Dès que l'affaire fut conclue, Lustig et son associé Dan Collins se réfugièrent à Vienne tandis que Poisson comprit qu'il avait été joué. Contre toute attente, les escrocs constatèrent que la presse n'avait pas écrit un mot au sujet de cette escroquerie. Et pour cause, humilié à ce point, Poisson n'a pas osé dénoncer l'escroquerie à la police.

    Un mois plus tard, Lustig revenait une nouvelle fois à Paris pour recommencer exactement le même stratagème mais le second acheteur, moins dupe, le dénonça à la police. Lustig dut s'enfuir en vitesse.

    Cet exploit fut repris dans le livre L'Homme qui vendit la tour Eiffel (The Man Who Sold the Eiffel Tower) de James F. Johnson et Floyd Miller, paru en 1961 chez Doubleday pour la version originale et en 1963chez Calmann-Lévy pour la traduction française. En 1964Claude Chabrol réalisa un court-métrage inspiré de cette histoire intitulé L'Homme qui vendit la tour Eiffel dans le film à sketches Les Plus Belles Escroqueries du monde.

    Il est envisageable que Lustig ait été inspiré par l'escroquerie de l'Écossais Arthur Ferguson qui, en 1923, réussit à « vendre » successivement la statue de l'amiral Nelson de Trafalgar SquareBig Ben, puis le palais de Buckingham. La même année de la vente de la tour Eiffel par Lustig, Ferguson réussit à louer la Maison-Blanche puis tenta – sans succès – de vendre la statue de la Liberté à un riche Australien. L'existence de cet escroc est toutefois contestée : la référence la plus ancienne à Arthur Ferguson ne remonterait qu'aux années 70.


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